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  • Emilie

Mataiva et Moorea: la fiu attitude!


A peine le temps de nous remettre de nos émotions et de faire une lessive (merci au lavomatique Joffredo-Valence qui a carburé sévèrement ces deux dernières semaines !), nous reprenons l’avion direction Mataiva ! Son nom signifie l’île aux neuf yeux. On comprend ce que cela veut dire en la survolant : son lagon est parsemé de taches rondes et le rendu est tout simplement magnifique, presque irréel.

Avec ses 300 habitants, Mataiva est l’un des plus petits atolls des Tuamotus. Rappelons que nous voyageons hors saison et vous comprendrez pourquoi nous ne sommes que six à débarquer de l’avion ce jour ! Nous sommes accueillis par Jule, qui sera notre guide pendant tout le séjour. Il nous conduit à la pension, dont nous serons les uniques invités cette semaine.

Le temps n’est pas au beau fixe au début, et nous ferons la première excursion sous la pluie. Qu’à cela ne tienne, nous partons vaillamment pêcher. Charles attrape son premier vivaneau et Alice… son premier caillou ! Quelle rigolade. Nous nous efforçons de nous abriter et de nous réchauffer près du feu qui sent bon la coco. Au menu, poisson cru, poisson grillé et uru, le fruit de l’arbre à pain, que Jule cuit entier au feu de bois et qui une fois ouvert, ressemble à une purée. C’est délicieux ! Nous rentrons rassasiés et avec une première impression de l’île qui est très sauvage. La plupart de l’espace est consacré aux cocotiers et c’est la récolte du copra, la chair de la noix de coco, qui est la principale activité de l’île. Nous passons le reste de l’après-midi à nous reposer, la pluie ne daignant pas s’arrêter. Cette pause forcée nous fait le plus grand bien !

Le lendemain, nous sommes plus chanceux, la pluie s’est enfin arrêtée. Nous découvrons la deuxième partie de l’île. Jule nous emmène tout au bout, où seule la nature règne. L’eau est cristalline, les couleurs sont extraordinaires et nous jouons aux robinsons. Jule nous apprend à tresser des assiettes avec des feuilles de cocotier, puis c’est l’heure du repas. Nous faisons cuire le pain coco que nous avons confectionné avant de partir à même le feu, miam, c’est délicieux ! Le reste de la journée, c’est baignade pour Arnaud et les enfants et balade pour moi. Heureusement que l’eau est claire et qu’il y a peu de fond, du coup je peux observer les poissons. En chemine je rencontre trois murènes dans quelques centimètres d’eau. Comme j’ai eu mon quota de morsures, je reste prudente !

Le soir, nous dînons tranquillement en compagnie de Philippe, un retraité ayant passé 50 ans dans les îles à construire des pistes d’atterrissage. Ce métier lui a permis de sillonner tout l’archipel des Tuamotus. Il a des histoires passionnantes à raconter. C’est aussi un redoutable chasseur de crabes, ce qui amuse beaucoup les enfants, qui partent avec lui attraper les crabes qui se sont faufilés dans la maison. Il faut dire que ces crabes sont un vrai fléau dans les îles, il y en a vraiment beaucoup !

Notre troisième journée à Mataiva est la plus belle. Non seulement le temps est merveilleux, mais en plus, l’excursion que nous a concoctée Jule est exceptionnelle. C’est en bateau que nous quittons la pension direction le centre du lagon. Nous zigzaguons au milieu des « patates », récifs de corail ronds et bruns qu’on trouve un peu partout. Nous atteignons l’île aux oiseaux. Petit motu de quelques mètres de long, il abrite des cormorans qui viennent y nicher. Nous observons des bébés avec un duvet tout blanc et tout doux. Puis nous reprenons le bateau direction le piton de Mataiva. Il s’agit d’une roche dont la légende raconte qu’elle a été apportée par le guerrier en pirogue depuis l’île de Huahine. Le guerrier a ensuite regagné le village en quatre pas. Nous devons poser un pied sur le rocher, sinon cela voudrait dire que nous ne sommes pas allés à Mataiva. Lorsque Jule nous souhaite la bienvenue de façon assez sérieuse, le moment est plutôt solennel et émouvant.

Nous accostons ensuite au paradis. Un petit coin tranquille, isolé, une véritable carte postale. Le ciel est intensément bleu, la mer est turquoise, le sable est blanc, il n’y a que nous, qui jouons les Robinson, une fois de plus. Les enfants vont alors se trouver une occupation qui va les absorber pour le reste de la journée et même le reste du séjour: ils démarrent une colonie de Bernard l’Hermite (Françoise, si vous me lisez, je ne suis pas sûre de l’accord, aurais-je perdu des points avec les dictées de l’autre Bernard?). Les petits crustacés ont de l’occupation ! Entre école, nourrissage et course, nos enfants qui avaient un peu peur des bêbêtes sont maintenant de vrais petits vétérinaires. On ne dénombre d’ailleurs aucun décès et aucun démembrage, tous les petits pensionnaires de la colonie des « berlards », comme les appelle Charles, s’en sortent vivants bien que probablement un peu sonnés. De notre côté, c’est baignade, balade au bord de la plage, pêche (deux demoiselles pour moi, mais elles ne se mangent pas trop ici, enfin il y a meilleur ! En effet quand on voit que ces poissons-là s’arrachent les restes de notre déjeuner en quelques secondes, ça donne moyennement envie...). Jule nous donne un cours sur les concombres de mer. C’est répugnant ! Lorsqu’on les sort de l’eau, ça crache de drôles de filaments blancs et gluants, d’ailleurs ça colle aux doigts ! Puis arrive sa copine la murène, elle est digne d’un dessin animé avec son oeil en moins et ses deux mètres de long... Nous ne laissons pas traîner nos doigts ni nos pieds, elle est très agressive ! Nous rentrons dans un tourbillon de bleu et de couleurs. Sur le retour nous apercevons des raies sauter, quel spectacle !

Pour notre dernier soir, Mathilde nous a concocté un repas de rois. Langoustes, escargots de mer au beurre à l’ail et burgers pour les enfants, nous savourons le tout coiffés par de magnifiques couronnes de fleurs tressées par la maîtresse de maison. Vraiment, quel accueil...

Les adieux du lendemain sont difficiles. Nous avons tissé, en seulement quelques jours, des liens forts avec Jule et Philippe et nous avons bien du mal à les quitter. C’est la larme à l’œil que les six débarqués quelques jours plus tôt, repartent... L’ambiance est d’autant plus chargée d’émotion que nous assistons aux adieux déchirants d’un jeune de Mataiva d’avec sa famille, car il s’en va loin dans la métropole pour faire son service militaire... Nous sommes déjà très fleuris, coiffés de magnifiques chapeaux et même de jolis sacs, mais alors lui, on ne voit même plus sa tête sous les fleurs et les coquillages... Mataiva et ses habitants resteront à jamais gravés dans nos cœurs.

Heureusement qu’il y a les copains. On ne le dira jamais assez ! A peine arrivés, Claire nous emmène au marché de Papeete acheter plein de petits souvenirs, puis nous retrouvons, chez eux, leurs amis Gaëlle et Adrien, de retour à Tahiti et qu’ils accueillent chez eux. C’est donc à dix que nous dormons ce soir, plus on est de fous, plus on rit !

Programme toujours aussi intense oblige, nous partons ensuite en weekend pour Moorea ! Thibaut et Claire nous font découvrir ce petit bijou d’île, situé juste en face de Tahiti et que nous rejoignons en ferry. La traversée est superbe, il faut dire que le temps est enfin meilleur à Tahiti, où il pleuvait depuis plusieurs semaines... Notre première étape est un sublime point de vue sur le lagon de Moorea où nous organisons une petite séance photos. Nous déjeunons ensuite à la vanillerie, d’où la vue est exceptionnelle. Nous nous promenons dans la serre où pousse la vanille, les gousses sont magnifiques !

Ce qui nous plaît particulièrement à Moorea, c’est la nature luxuriante avec ses immenses montagnes au centre de l’île. L’une d’entre elles a le sommet troué. La légende que nous raconte Claire, est que le guerrier Hiro, a arraché un rocher de la pointe Vénus et l’a lancé sur Moorea, où elle a transpercé la montagne. Le long de la route, on a donc le choix entre le lagon d’un bleu intense et la jungle toute verte. Nous en prenons plein les yeux. L’éveil de nos sens continue avec la visite de la fabrique Rotui, qui produit de délicieux jus de fruits et où un alsacien a lancé la production de moelleux d’ananas et de divers alcools il y a une vingtaine d’années. Maintenant rachetée par la brasserie Hinano, la fabrique s’essaie à plein de nouveaux produits. Nous y dégustons le fameux vin (dit « moelleux car il ne contient pas de raisin), mais aussi la crème de coco et le rhum local. Le rhum n’est pas comparable à celui des Caraïbes et le vin est meilleur en Alsace, mais la crème de coco, ainsi que le jus d’ananas remportent tous les suffrages !

Nous arrivons enfin au camping Nelson, un lieu qu’affectionne particulièrement Thibaut, qui venait déjà y passer ses vacances étant petit. Notre bungalow est idyllique. Nous avons une vue imprenable sur le lagon, un cocotier pour accrocher notre hamac et un accès direct à la plage. Que demander de plus ? Toute la famille se baigne, moi compris (enfin je peux profiter de l’eau délicieuse à plus de 30 degrés !), et l’après-midi se passe tranquillement. Le soir, nous sommes gentiment invités par des amis pour une soirée pizzas. Leur maison est absolument splendide et attention aux amateurs, ils vont bientôt mettre un superbe bungalow avec une vue exceptionnelle sur Airbnb! Le lendemain, matinée tranquille, les enfants s’amusent sur la plage et les grands traînent un peu autour d’un café. Ça fait du bien ! L’après-midi est plus sportif. Nous louons un bateau et Thibaut nous conduit entre les deux motus à quelques centaines de mètres de la plage. De là, nous partons faire du snorkelling, c’est magnifique. Nous nous laissons dériver entre les patates et observons une multitude de poissons anges, perroquets, picasso, coffres... même un petit requin pointe noire montre le bout de son nez ! C’est aussi assez chouette d’observer Claire enceinte se balader au milieu des poissons.

Sur la plage, une course de « berlard » l’hermite s’est improvisée. Charles les aime tellement qu’il décide de les emmener avec lui au camping. Il les gardera même jusqu’au retour à Tahiti, avant que le seau ne se renverse et que les bestioles ne se faufilent quelque part dans la voiture de Claire... Encore désolés ! Notre soirée est plutôt tranquille avec un petit resto et une balade sur la plage de nuit, avant d’être surpris par une grosse averse. Les enfants prennent leur première « Tahiti douche » !

Lors de notre troisième jour à Moorea, nous visitons le Lagunarium. On se rend en bateau sur un petit motu, autour duquel les poissons sont nourris régulièrement. Ils évoluent cependant en toute liberté. Nous nous installons dans des petits farés (les maisons traditionnelles de Tahiti) et parons assister au premier nourrissage. Quelle splendeur de nager au milieu des raies mantas, des requins et de plein de poissons de toutes sortes. Comme le lagunarium est proche de la barrière de corail, le courant est assez fort. Du coup, un parcours cordé a été aménagé pour se balader dans le lagon en toute sécurité. Arnaud et moi partons nous balader plus d’une heure et demie et c’est vraiment splendide. La visibilité est excellente, nous nous amusons beaucoup ! Nous déjeunons ensuite sur le petit motu qui est joliment aménagé et bien décoré. Nous sommes accompagnés par Jimmy, le copain de l’autre soir et par son fils Gabriel. Les quatre enfants s’amusent comme des petits fous tandis que nous assistons au deuxième nourrissage des poissons. Pour la petite histoire, les enfants se sont baignés avec nous au début, mais Charles a été très effrayé par les grandes raies. Alice a été plus téméraire, jusqu’à ce qu’une raie passe en-dessous d’elle, ça a été un peu trop de sensations fortes !

Nous quittons le lagunarium dans l’après-midi, juste avant une grosse averse. Nous avons eu de la chance jusqu’à maintenant, mais là, c’est le déluge ! Jimmy nous invite chez lui en attendant notre ferry. Encore merci pour tout Jimmy !

Nous reprenons le ferry en soirée et rentrons faire nos valises car le départ est prévu tôt le lendemain matin. Nous passons une bien sympathique dernière soirée chez nos amis, puis une courte nuit et c’est le départ pour l’aéroport. Qu’est-ce qu’on est tristes ! Ces quinze jours ont été intenses, riches en émotions, en belles images et en sensations fortes. Cela ne nous est pas arrivé si souvent, mais cette fois le départ est larmoyant... MERCI Claire et Thibaut pour votre accueil formidable et de nous avoir baladés, choyés, organisé tant de belles choses. Nous ne regrettons pas notre chouette escale dans votre paradis et nous reviendrons, c’est promis !!

Un dernier mot: mais c'est quoi donc la "fiu" attitude? Le "fiu" (prononcer "fiou") est un concept bien tahitien. Cela signifie entre autres je suis las, je suis tranquille, je suis fatigué... Les tahitiens te disent souvent "je suis fiu de ma journée" ou "j'étais trop fiu hier soir". Dans notre cas, Tahiti nous a fait relâcher un peu la pression (sisi, nous avons parfois la pression en voyage, Claire nous a même accueillis avec un "mais ce que vous êtes speed!"). Nous avons essayé durant deux semaines, de nous adapter à cette fiu attitude, de prendre les choses comme elles viennent, le bon comme le mauvais et de vivre avec le soleil et la nature. Le résultat est probant, nous attaquons la Nouvelle-Zélande requinqués et du soleil plein la tête!


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